Via Silva - Zone vibrante

2015 – 2016
Série composée de panoramiques numériques couleur et de films instantanés noir et blanc

Via Silva, deux mots qui me ramènent à Rome… J’y avais arpenté la Via Appia.

Au détour d’un passage, s’y tenait une exposition photo montrant ce qu’était cette zone il y a plus de 50 ans.

Rien à voir. À l’époque cette voie n’était qu’une route pavée qui partait de Rome pour s’enfoncer dans des étendues désertes à perte de vue, des champs et quelques vieilles bâtisses et vestiges romains.

Aujourd’hui, la transformation est saisissante. Si les pavés sont toujours là, le paysage d’un autre temps a fait place à des villas de luxe, des lotissements, des routes et autres commerces, l’expansion de la ville a fait son œuvre, une toute autre vision. Sans la visite de cette exposition, il m’aurait été impossible d’imaginer ce lieu avant l’inexorable avancée de la ville de Rome vers la campagne environnante. Loin d’être unique, cet état de fait concerne toutes les villes du monde. Elles sont ou seront toutes amenées dans les années, les décennies, les siècles à venir, à s’étendre. Les centres villes étouffent et le besoin, la nécessité de bâtir sur de nouveaux territoires se fait de plus en plus pressant.

Ces modifications de notre cadre de vie ont toujours été des sujets d’études importants à mes yeux. Les incidences entre préservation du paysage et la nécessité de créer de nouveaux lieux de vie et d’activité, voilà quels ont été mes axes de recherche.

Les traces de la transformation du territoire, des paysages, la disparition d’un temps et la mémoire des lieux, la vision de cette frontière, zone vibrante entre campagne, espaces naturels et implantation humaine.

Sur la zone Via Silva, les lieux se sont révélés d’eux même au gré de mes explorations. Une étude photographique et poétique autour de l’évocation du paysage en mouvement en est ressorti.

Ma recherche présente un ensemble de portraits de ces paysages en transformation, les détails de tout ce qui sera amené à disparaitre ou apparaitre, la disparition et la renaissance. Mais tout comme (la transformation de) Rome ne s’est pas fait en un jour, Via Silva verra ses paysages se créer peu à peu et son nouveau visage révélera les changements à venir et la marque d’une autre époque.   Dans sa finalité, ce travail de recherche se présente sous la forme de collections photographiques distinctes : les collections de photographies panoramiques et celles des films instantanés.

Les photographies panoramiques sont des tranches de paysages et d’éléments transformés, rêvés, comme le film idéal d’instants présents et de visions futures. Ces représentations visuelles fonctionnent comme des versions alternatives des lieux.

Les films instantanés sont quant à eux la réalité « brute » des lieux et des éléments. Réalisés in situ, et rassemblés sous la dénomination « Tableau des éléments », ils sont la référence visuelle, la carte photographique des composantes de cette zone vibrante.

Ces collections, malgré leur mode de représentation et de support différent, ne sont pas pour autant sans lien. Elles se correspondent et dialoguent entre elles, certaines photos ont d’ailleurs été réalisées numériquement et sous forme de films instantanés au même moment. Seules les photographies numériques ont bénéficié d’un post-traitement.
Ces travaux sont ainsi amenés à devenir un ensemble d’archives poétiques et oniriques des paysages tels qu’ils étaient à un instant T dans leur histoire.
Cette « zone vibrante » se révèlera au fil du temps, comme le laboratoire à ciel ouvert des « accidents de terrains » engendrés par l’expansion de notre habitat.

Cette recherche a reçu le soutien de la Ville de Rennes et une première présentation de ce travail photographique a eu lieu au Parlement de Bretagne à Rennes en septembre-octobre 2016 à l’occasion de l’exposition collective "L’état des choses".

La série complète a par la suite été présentée en 2018 à Thorigné-Fouillard à l’occasion du Festival Photofolie.